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NOHELI NZIZA N'UMWAKA MUSHA MUHIRE

mercredi 11 mai 2011

LA PRATIQUE DES EXORCISMES SELON LES NORMES ECCLESIASTIQUES

Par exorcisme, on entend la prière publique de l’Eglise et avec autorité, au nom de Jésus-Christ, pour qu'une personne ou un objet soit protégé contre l'emprise du Malin et soustrait à son empire.

Dans l’Eglise, on distingue les exorcismes mineurs et le grand exorcisme ou exorcisme solennel. Les exorcismes mineurs sont des prières de l’Eglise sur les catéchumènes afin que, grâce au mystère du Christ de la libération du péché, ils soient libérés des séquelles du péché et de l’influence du démon et qu’ils soient fortifiés dans leur cheminement spirituel et leur cœur se prépare à la réception des dons de Dieu. Le grand exorcisme ou exorcisme solennel est une célébration liturgique, une prière de l’Eglise faite au nom du Christ, qui vise à expulser le démon ou libérer de l’influence démoniaque et cela par autorité spirituelle que le Christ a confié à son Eglise. Le grand exorcisme est un sacramental dont les effets spirituels dépendent de l’intercession de l’Eglise. Le Code de Droit Canon parle uniquement de l’exorcisme solennel ou grand exorcisme (c. 1172).
A côté des exorcismes, on peut noter les prières que l’ensemble des chrétiens peut faire en vue de demander la protection contre le mal ou la libération de l’influence du mal. Par exemple, le Notre Père et la demande d’être délivré du mal.

Selon le c. 1172, « personne ne peut légitimement prononcer des exorcismes sur les possédés, à moins d’avoir obtenu de l’Ordinaire du lieu une permission particulière et expresse. Cette permission ne sera accordée par l’Ordinaire du lieu qu’à un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre ».

Par cette norme, il est indiqué que seul le prêtre avec licence de l’Ordinaire du lieu peut prononcer l’exorcisme solennel. L’autorisation n’est jamais tacite mais expresse. Les Ordinaires du lieu peuvent sans licence prononcer l’exorcisme solennel. Un prêtre sans autorisation, un diacre ou un laïc ne peut pas célébrer un exorcisme solennel. Il peut prier pour des cas de tentation ou dire les exorcismes mineurs liés à la célébration du sacrement de Baptême. Le prêtre exorciste doit avoir les qualités de piété, connaissance, prudence et vie intègre.

Selon le Rituel d’exorcisme, publié en 1998, seule une personne véritablement obsédée ou possédée par le Démon et, si c’est possible, consentante peut être sujet de grand exorcisme. Le Rituel se réfère à cette possession avec le terme « obsessio ». En effet, l’action du diable se réalise à des niveaux différents. On peut parler de gradation dans la possession. La tentation peut affecter des propositions ou le fait d’induire une personne à commettre des péchés. On peut aussi parler de tourment ou persécution, d’infestation du diable. Cette persécution peut se faire de l’extérieur. Si le Démon agit sur l’homme de l’extérieur et par son action violente empêche ou rend difficile de façon permanente les actions de celui-ci, on parle de personne obsédé ou sous l’influence maligne. Il se produit une sorte de paralysie ou de dysfonctionnements corporels. Et quand le Malin s’est introduit dans le corps de la personne, on parle de véritable possession. Le terme latin « obsessio » se réfère à la fois à l’obsession comme à la possession.

Pour procéder à l’exorcisme, un discernement préalable de la part du prêtre exorciste est nécessaire pour savoir si la personne est réellement obsédée ou possédée. Le discernement exigé vise à acquérir de la part de l’exorciste la certitude morale d’être en présence du diable et non d’une maladie physique, psychique ou autre chose. Devant des cas de maladies physiques ou psychiques, l’exorcisme n’est pas pratiqué ; plutôt, il faut recourir à la médecine ou à la thérapie psychologique. En cas de doute, l’exorciste peut demander l’avis des experts. En l’absence de certitude morale sur l’obsession ou possession, on procède à des prières pour obtenir la paix de Dieu. Dans ce cas, même un prêtre, qui n’est pas exorciste, un diacre ou un laïc peut procéder à ces prières. Au cours de ces prières, il est interdit d’employer la formule d’exorcisme de Léon XIII contre Satan et les anges déchus, d’employer le texte intégral de cet exorcisme, d’interpeller directement les démons ou de chercher à connaître leur nom.

Quelques signes, selon l’expérience de l’Eglise, peuvent servir pour reconnaître la présence du Démon : parler ou comprendre une langue inconnue, connaître une réalité lointaine et occulte, manifester une force supérieur par rapport à la condition et à l’âge de la personne. Ces signes doivent être complétés par des considérations d’ordre moral et spirituel comme l’aversion violente pour Dieu, le très Saint Nom de Jésus, la bienheureuse Vierge Marie et les Saints, l’Eglise, la Parole de Dieu, les choses, les rites, surtout sacramentels et les images sacrées.

L’exorcisme solennel est destiné aux fidèles chrétiens et aux catéchumènes, sans distinction d’âge ni de genre. Le Code antérieur spécifiait que les non catholiques et les excommuniés pouvaient en bénéficier (CIC 17 c. 1152). Aujourd’hui, bien que le Code ne le précise pas, la norme n’a pas changé. En effet, le Rituel d’exorcisme admet que « dans les cas qui affectent un non-catholique et dans d’autres cas plus difficiles, que l’affaire soit présentée à l’évêque ».

Pour la pratique du grand exorcisme, le lieu adéquat est l’oratoire ou un autre endroit convenable, loin de la foule, où il est visible l’image du Crucifix. Dans ce lieu, il doit y avoir aussi une image de la Vierge Marie. Etant l’exorcisme une prière pour manifester la foi de l’Eglise, il ne doit pas être assimilé à un acte magique ou superstitieux. Par conséquent, on ne peut pas en faire un spectacle. Ainsi l’exorcisme ne sera pas exposé aux moyens de communication sociale ni l’exorciste peut en faire une nouvelle ; il est réalisé dans la discrétion. Le déroulement de l’exorcisme se fait selon les normes du rituel.

Pierre KAZIRI, O. de M.
Docteur en Droit Canon.

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