Prévue pour le 1er mai prochain, la béatification de Jean Paul est l’avant dernière étape du processus de la canonisation de ce Serviteur de Dieu.
Jean Paul II (Karol Jósef Wojtyla) est né en Pologne le 18 mai 1920. Il fut baptisé le 20 juin de la même année. Le 1 novembre 1946, il fut ordonné prêtre et le 28 septembre 1958, il fut consacré Evêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Cracovie. Le 30 décembre 1963, il est nommé Archevêque de Cracovie. Le 20 mai 1967, il fut élevé à la dignité de Cardinal. Le 16 octobre 1978, il est élu Romain Pontife de l’Eglise Catholique. Il est le 264eme Pape de l’histoire de l’Eglise. Le 2 avril 2005, il rend l’âme à sa résidence au Vatican (Rome) et la messe des obsèques est célébrée le 8 avril 2005 avec la présence de nombreux dignitaires confessionnels et politiques du monde entier et de toute obédience confondue. Lors de cette messe d’obsèques, une clameur du peuple se faisait entendre réclamant qu’il soit proclamé saint immédiatement : santo subito.
Par cette voix du peuple, vox populi, il était exprimé la renommé de Sainteté de Jean Paul II. Le peuple chrétien le considérait comme un saint. Il ne restait que la voie officielle pour le déclarer comme tel. Mais pour que l’autorité ecclésiale se prononce, il y a des règles à suivre. Ces règles constituent la procédure à suivre dans les Causes de canonisation qui depuis le Moyen Age est réservée au Pape. Celui-ci se fait aider, en la matière, par la Congrégation des Causes des Saints.
La procédure se déroule en deux phases très importantes : 1) la phase d’enquête et de la collecte des preuves au niveau diocésain ; 2) et la phase d’étude et de jugement des preuves dans la Congrégation romaine suivi des décrets de l’héroïcité des vertus ou de martyre, de miracle opéré par intercession du Serviteur de Dieu, de béatification ou de canonisation. Le point d’arrivée du processus est la canonisation ou l’inscription du Serviteur de Dieu dans le catalogue des saints. La béatification est l’avant dernier palier pour arriver à la canonisation.
Dans le processus de canonisation de Jean Paul II, la clameur du peuple constitue une motivation. A travers cette clameur, l’autorité ecclésiastique a perçu la nécessité d’enclencher la cause de canonisation de Jean Paul II. Pour initier le processus, la norme exige d’attendre cinq ans après la mort du candidat aux honneurs de l’autel. Il s’agit d’une mesure de prudence contre les fausses réputations. Cependant la norme peut être dispensée. Et ce fut le cas avec la décision de Benoit XVI d’accorder la dispense des cinq ans pour la cause de Jean Paul II. Le 28 avril 2005, moins d’un mois de la mort de Jean Paul, l’autorisation d’engager le processus de canonisation de Jean Paul II est donné.
Dès lors le Diocèse de Rome pouvait entamer la première phase d’investigation diocésaine. En effet, le Tribunal compétent pour cette investigation est celui du lieu de la mort du Serviteur de Dieu. Le Diocèse de Rome nomma Monseigneur Slawomir Oder comme Postulateur de la cause, c’est-à-dire la personne qui représente le demandeur et qui doit fournir les preuves exigés. Le 18 mai 2005, le Tribunal diocésain du Vicariat de Rome demande aux fidèles de fournir les informations utiles pour cette cause. Il s’agit des témoignages favorables ou défavorables pour s’assurer de la renommé du Serviteur de Dieu, de l’importance ecclésiale de la cause et des probables obstacles pour la suite de la cause. Si rien ne s’y oppose, le procès peut véritablement commencer.
Le 28 juin 2005, l’ouverture du procès fut célébrée. Cette étape suppose que parmi les informations obtenues rien ne s’oppose sérieusement à la poursuite de la cause et que l’examen des écrits du Serviteur de Dieu par des experts théologiens ne montre rien contre la foi et les bonnes mœurs de l’Eglise. Avec l’ouverture du procès, la collecte des preuves prend une tournure judiciaire. Les témoignages sont recueillis par un Tribunal formé par un Délégué épiscopal, un Promoteur de justice, un Notaire et des Auxiliaires du Tribunal. Dans les causes de canonisation, il est exigé de recueillir aussi les témoignages défavorables à la cause et selon les normes processuelles. En plus des témoignages, tous les documents publiés ou inédits du Serviteur de Dieu ainsi que des documents sur le Serviteur de Dieu ou qui brossent son environnement politique, social et culturel doivent être rassemblés par une commission des experts en histoire et archives. L’ensemble des preuves est remis à la Congrégation des Causes des Saints en vue d’être étudiées et servir de jugement.
Le 19 décembre 2009, l’étude et le jugement des preuves au sein de la Congrégation aboutirent à un Décret du Romain Pontife, Benoit XVI, attestant l’héroïcité des vertus de Jean Paul II. Avec ce Décret, Jean Paul II recevait le titre de Vénérable. A ce stade, aucun culte n’est autorisé pour lui. L’héroïcité des vertus situe Jean Paul II parmi le groupe des « confesseurs ». Il n’est pas un « martyr ». Sa vie et ses écrits constituent désormais un modèle de sainteté chrétienne. Par ce décret, l’Eglise reconnaît officiellement que Jean Paul II a pratiqué les vertus théologales (foi, espérance et charité) et morales (prudence, justice, force et tempérance) de manière extraordinaire, spontanée, joyeuse, au-delà de ce que font les hommes habituellement. En d’autres mots, le décret immortalise son œuvre, sa biographie : un missionnaire, un artisan de paix, un ami des jeunes, un homme de prière, ouvert au dialogue religieux, etc.
Mais pour arriver à la béatification, il fallait une confirmation divine à travers un miracle opéré grâce à son intercession. Dans le cas des martyrs, le miracle peut être dispensé. Le 14 janvier 2011, le Pape Benoît XVI rendait public la reconnaissance de ce miracle en annonçant la date de la béatification le 1er mai 2011. Le miracle approuvé est celui de la Sœur Marie Simon-Pierre (France) qui souffrait de la maladie de Parkinson. D’autres signes ou grâces ont été rapportés de part le monde. Avec la béatification, Jean Paul II sera honoré par le titre de Bienheureux. Techniquement, le bienheureux n’est pas encore un saint. On devient saint avec la canonisation. La différence n’est pas facile à percevoir. En effet, le Bienheureux ne bénéficie pas encore d’auréole dans ses images et le culte qui lui est rendu est local. La cérémonie de béatification n’est pas réservée au Pape alors que la canonisation est un acte exclusivement réservé au Pape à travers lequel il est engagé le magistère infaillible du Successeur de Pierre. Pour être canonisé, un miracle opéré après la béatification est nécessaire.
L’existence des saints dans l’Eglise est un signe de la vitalité de l’Eglise. La dimension juridique d’un procès de canonisation révèle et renvoie à des considérations théologiques, ascétiques, missionnaires, liturgiques très importantes. Dans le cas de la figure de Jean Paul II, sa béatification est un hymne universel de louange à la Sainteté de Dieu qui se manifeste parmi les hommes.
Pierre Kaziri
Docteur en Droit Canon
Pour d’amples informations et l’approfondissement des preuves dans les causes de canonisation, voir la thèse doctoral de l’auteur de cet article : « Las pruebas de las virtudes heroicas y del martirio en las causas de canonización », Salamanca 2009.
Hermano, la verdad es que la beatificacion del Papa JP II me parece necesaria. Un hombre que ha recorrido muchos países con el mensaje evangélico, que no se callaba ante la barbarie de las potencias occidentales, que hizo todo para transmitir un poco de esperanza para una humanidad destrozada, ... yo creo que su beatificación será un soplo de aire fresco para una iglesia en un interminable aggiornamento.
RépondreSupprimerUn saludo amigo.