JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE 2020

FELIZ NAVIDAD Y PROSPERO AÑO NUEVO 2020

NOHELI NZIZA N'UMWAKA MUSHA MUHIRE

jeudi 24 mars 2011

LE JARDINIER ET LE CANONISTE

Un jour, un canoniste s’est retrouvé dans un parc très fréquenté et très bien entretenu par un jardinier. Celui-ci arrosait religieusement les fleurs qu’il avait choisies pour la saison. Le canoniste s’approcha au jardinier et lui posa cette pertinente question : pourquoi avez-vous choisi cette couleur jaune ? N’y avait-il pas d’autres sortes de fleurs ? Je ne vois pas les lis et les marguerites, par exemple.

Avant de répondre, le jardinier se mit à rire de façon ininterrompue : hahahaha… Vous les profanes, vous m’étonnez beaucoup. Pourquoi recherchez-vous vos fleurs ? Regardez l’ensemble. N’est-ce pas que c’est beau, magnifique ! Mon métier est absolument celui de créer et de plaire. Si vous appréciez l’ensemble, je crois que les lis vous le retrouverez dans d’autres jardins et vous serez pareillement content. Savez-vous une chose ? Le grand jardinier est le Créateur du monde. Regardez la nature. Tout est beau, sublime. Mais nous les jardiniers, avec nos ciseaux et nos choix de couleurs, nous rendons encore plus beau la nature. Pardon ! Quel est votre métier ?

Sans hésiter, l’interlocuteur répondit : je suis canoniste.

Quoi ? Répliqua l’autre.

Oui, je suis canoniste. C’est-à-dire quelqu’un qui étudie et explique les lois de l’Eglise. Et ces lois sont contenues fondamentalement dans un livre qu’on appelle « Droit Canon ».

Le jardinier s’adressa encore au canoniste : êtes-vous un jardinier de la loi ? Je m’explique, -enchaîna-t-il- : vous aussi, vous choisissez des lois et avez-vous des ciseaux pour tailler les idées extravagantes ?

Non, -répondit le canoniste-, les « Extravagantes » c’est un recueil contenant les décisions des papes depuis Urbain IV jusqu’à Sixte IV (1261-1484) et qui fait partie du Corpus Iuris Canonici. Mais je comprends bien ton idée. Dans l’Eglise, il existe de nombreux penseurs ou théologiens avec des orientations diverses qui se résument en théologies spéculative, d’action, politique, de libération, de renouveau, etc. Et pour ne pas se perdre dans la forêt des idées, le Droit Canon dégage une ligne, une route, une discipline à suivre. Disons que le canon c’est la règle, le ciseau, si tu veux, qui taille les excédents de la Théologie.

A cette image évidemment imparfaite, j’ajouterais que votre appréciation du jardin, le beau que vous recherchez, est sans doute subjectif, passager. Le canoniste, et avant lui le législateur qui donne la norme, interprète objectivement la volonté de Dieu et le bien de l’institution qu’est l’Eglise. Si la beauté du jardin est liée à la vie d’une fleur, la solidité du Droit Canon dépasse le législateur et le canoniste qui institue et interprète la loi. La loi est durable et crée des comportements, une façon d’être. Par contre, un jardin de fleurs n’a pas d’autres buts que de plaire et cela pendant le temps que dure l’émotion.

Est-ce que nous nous comprenons ? Demanda le canoniste. Le jardinier répondit : je ne sais pas. Il me semble que votre métier est compliqué. Peut-être la prochaine fois, j’ose espérer avoir un peu plus de lumière.

A bientôt !